Les artistes en résidences

DISTRIBUTION
Chorégraphie
Cécile Loyer

Assistant·es à la dramaturgie Jean-Baptiste Bernadet et Myriam Bloedé

Interpétation danse Caroline Boussard, Sonia Delbost-Henry, Éric Domeneghetty, Steven Hervouet, Mai Ishiwata, Vesna Mbelani, Cécile Loyer, Karim Sylla

Création lumière Coralie Pacreau

Création sonore Emmanuel Baux

Costumes Fabrice-Ilia Leroy

Production C. LOY

Coproduction Équinoxe – Scène Nationale de Châteauroux, Centre chorégraphique national d’Orléans, Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, direction Yuval PICK, dans le cadre du dispositif Accueil-Studio, Viadanse – Centre chorégraphique national de Bourgogne Franche-Comté à Belfort, Centre Albert Camus EPCC d’Issoudun

Soutien Centre Chorégraphique National Roubaix Hauts-de-France – Sylvain Groud, Maison de la Culture de Bourges

 

Durée estimée 1h

 

Création 23 novembre 2023 à Équinoxe – Scène nationale de Châteauroux

Cie C. LOY, Cécile Loyer
Frappez fort (comme pour réveiller les morts)

En accueil studio du 20 au 24 février 2023

OPENVIA Vendredi 24 février à 19h30

« Ils ont beau regarder les informations à la télévision, ils n’entendent pas le bruit du monde »
Stéphanie Chaillou, Le bruit du Monde

Il y a 10 ans, avec la pièce Moments d’absence, je faisais appel au travail du cinéaste Jean Eustache pour aborder les notions de réel et de fiction sur scène. Pour la première fois, je m’appuyais sur les dispositifs mis en place dans ses films, dans Une sale histoire en particulier, pour mettre en avant la dimension d’entre-deux qui traversaient déjà mes premières pièces, les notions de vrai et de faux, de frontières, en l’occurrence entre les interprètes et les spectateur·trices.

Pour Frappez fort (comme pour réveiller les morts), je retrouve le cinéma de Jean Eustache, avec Les Photos d’Alix, son dernier film, un court métrage réalisé en 1980.
Dans ce film, la photographe Alix Cléo Roubaud présente à un jeune garçon un ensemble de photographies prises à différentes périodes de sa vie. Elles sont personnelles, voire intimes, et correspondent chacune à un souvenir, une impression, une situation vécue. Le dispositif est clair et les règles simples ; les photographies défilent et sont montrées une à une en gros plan, tandis que la photographe, répondant aux questions du jeune homme, les commente. Et puis, tout à coup, le son et l’image se décalent et ce qu’Alix Cléo Roubaud décrit, ce qu’elle raconte de chaque photographie ne correspond plus à ce qui est montré. Les personnages, les lieux, les objets qu’elle commente, car le mouvement de ses mains guide notre regard, ont disparu. À la place apparaissent d’autres objets, d’autres lieux et personnages, que chaque parole d’Alix transforme, réinvente et redéfinit. Le·la spectateur·trice se retrouve d’abord dans un moment de « flottement », d’incompréhension, il·elle cherche à voir ce qui n’est pas là, ce qui devrait l’être ; il·elle cherche à voir derrière, à voir mieux peut-être, il·elle force son regard, son cerveau et, petit à petit, il·elle se laisse prendre, « lâche prise » et accepte de voir, dans chaque photographie, une réalité autre que celle que perçoit son oeil.

Avec Frappez fort (comme pour réveiller les morts), qui rassemblera 8 interprètes, je souhaite emmener les spectateur·trices dans cette zone de perte de repères et d’hyper-vigilance, où les yeux doivent chercher pour comprendre ce qui se dit, et où ce qui se dit doit être entendu profondément, physiquement, pour donner corps à l’image.

Notre monde est effroyablement plus poétique que ce que nous croyons.

En 2000, je rentrais de Tokyo où j’avais travaillé pendant 3 mois avec la danseuse de butô Mitsuyo Uesugi, élève de Kazuo Ono.

Je me souviens de ce voyage comme si c’était hier. Cette rencontre avec Mitsuyo et les 7 années qui ont suivi, pendant lesquelles je l’ai assistée lors de ses master classes en Europe, ont déterminé ma danse. Avec Mitsuyo, j’ai appris à être là entièrement, totalement sur un plateau. Solide et libre. J’ai trouvé une danse « en équilibre » dans l’entre-deux, traversée par l’instant, entre le rire et les larmes, entre le mouvement et les mots, entre le dedans et le dehors, le passé et l’avenir.
J’ai souhaité démarrer cette création par la transmission précise et exacte, aux danseur·ses de cette création, de cette danse que j’ai apprise auprès de Mitsuyo Uesugi il y a 20 ans.

Ce sera la première étape.