Du Training à la FAT-LAM-TEK

Le training : entrainement régulier du danseur      

  • La source

Au quotidien, les danseurs de la Cie Fattoumi-Lamoureux se retrouvent dans le studio du centre chorégraphique pour suivre le training dispensé par l’un ou l’autre des deux chorégraphes. Ce cours, développé depuis trente ans est au cœur de leur identité artistique et de leur pratique physique depuis leurs débuts.

Il rassemble les fondamentaux techniques à la base de leur travail et les matériaux en partage nécessaires à toutes leurs créations.

La notion de transfert de sensations entre le rapport au sol et à l’espace y occupe une place centrale.  Le sol est ainsi considéré comme un véritable partenaire avec lequel s’instaure un dialogue sensuel pour réveiller des strates de sensations fines. Cette approche est inspirée du travail du de Bruno Dizien et Laura De Nercy, duo de chorégraphes, dont ils ont été tous deux interprètes (1986-1989). Au sein de cette Cie de danse verticale ROC in Lichen, ils ont pu explorer cette transposition de la paroi verticale du mur d’escalade au plancher horizontal du parquet de danse. Depuis lors, ils ont poursuivi, affiner et fait évoluer ce mode de préparation dans leur propre training en y injectant des dynamiques, des jeux de contraste déployant une variabilité d’états de corps propices à actualiser les potentialités expressives de la « présence physique », entre puissance et fragilité…

Au fur et à mesure ce training s’est institué comme une pratique partagée avec les interprètes de leurs créations.

  • Un alliage d’improvisations guidées et de séquences écrites

La constante spatiale de cette pratique est qu’elle se vit en groupe et dans une succession de déplacements sous la forme de traversées, de diagonales, de cercles etc…

En ouverture du cours, des déplacements au sol sont proposées dans une quête de fluidité, de recherche de relâchement, avec le souci de dissiper au mieux les tensions et en mobilisant différents appuis-relais. Les corps évoluent dans un temps continu qui se complexifie avec l’apport de suspens, ruptures, tout en conservant la tonicité nécessaire.

Tout au long des traversées, les improvisations baignées dans un imaginaire guidé par le choix d’un vocabulaire précis, réveillent la conscience corporelle et favorisent les extensions, les amplitudes, les allongements et les étirements.

Des éléments plus écrits, reproductibles sous la forme de séquences chorégraphiques brèves, sont également transmis pour affiner, la coordination, le rythme et la musicalité.

Bien que le training évolue et s’adapte au fil des années, les principes de base restent constants : le travail sur le centre, le passage à la verticale qui déploie le volume et la densité du mouvement, la gestion des impacts et des propulsions, l’importance donnée à l’asymétrie des gestes…

Tous ces déplacements travaillent au renforcement des appuis positionnés selon les dispositions naturelles de chacun, ils se situent entre en dehors, en dedans et parallèle pour la meilleure stabilité de chacun. Il s’agit ainsi d’aiguiser des sensations, de découvrir des disponibilités physiques, d’ouvrir la palette expressive des danseurs, au service de l’intelligence sensible des corps, et avec les spécificités dont chacun est porteur.

La Fat-Lam-Tek un projet en cours

 Après trente ans d’expérience de création, de formation et de transmission, Héla Fattoumi et Éric Lamoureux entreprennent une réflexion sur la question de l’archive, de la trace, et de la pérennité de leur travail.

C’est ainsi que le projet de la Fat-Lam-Tek a vu le jour, dans l’optique de créer un outil pédagogique de transmission et de diffusion de leur technique pour la rendre plus largement accessible aux danseurs professionnels ou en voie de professionnalisation.

L’idée de la Fat-Lam-Tek s’incarne par la conception d’un cours type à partir du training pour en partager les fondamentaux. Des variables pourront y être intégrées en fonction des groupes et des projets

Fattoumi et E. Lamoureux mènent ce projet en collaboration avec la choréologue Angela Vanoni et la professeure certifiée Johanna Mandonnet, toutes deux interprètes au sein de leur compagnie.

Concrètement, le training sera traduit sous la forme d’une partition chorégraphique grâce à la méthode de notation Benesh, et accompagné d’autres supports tels que des images, capsules vidéo ou textes. Les différents outils favoriseront la définition, l’analyse et la compréhension des séquences écrites, des traversées, de l’évolution du training, des qualités de corps, des moteurs du mouvement. A travers un lexique spécifique, il s’agira de nommer ce qui a été éprouvé et mémorisé physiquement par les danseurs de la compagnie afin de transmettre des exemples concrets mais aussi une philosophie et un univers propres à H. Fattoumi et E. Lamoureux.

La Fat-Lam-Tek se donne ainsi pour objectif et responsabilité d’être lisible, visuelle, pédagogique, précise, efficace tout en restant aussi complète et fidèle que possible. Elle sera le témoignage d’une pratique qui évolue en permanence et fera donc forcément l’objet de choix et de compromis nécessaires à la constitution et à la reconnaissance de tout patrimoine vivant.