Les artistes en résidences

Distribution

Chorégraphie Samuel Mathieu, Fabienne Donnio
Interprètes Distribution en cours
Composition musicale Maxime Denuc
Conception lumière William Lambert & Arthur Gueydan
Direction technique Jean-François Langlois
Administration et production Anne Laval

Production  Cie Samuel Mathieu

Coproduction La Scène nationale d’Albi • Théâtre Molière-Sète, scène nationale, archipel de Thau • Le Parvis Scène nationale de Tarbes

Accueil en résidence La Scène nationale d’Albi • Théâtre Molière-Sète, scène nationale, archipel de Thau • Lattitude 50 – Marchin – Belgique • L’Escale – Tournefeuille

 

La Cie Samuel Mathieu est une compagnie chorégraphique conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communi-cation – DRAC Occitanie, par la Région Occitanie / Pyré-nées-Méditerranée, par le Conseil départemental de la Haute-Garonne au titre de l’aide à la création et par la ville de Toulouse.

Elle a reçu pour plusieurs de ses pièces le soutien de l’Adami, de la SPEDIDAM et de l’Institut français pour ses projets menés à l’étranger.

Samuel Mathieu, Cie. Samuel Mathieu

En accueil studio du 10 au 21 octobre 2022

OPENVIA Vendredi 14 octobre à 19h30 à l’occasion de la Nuit des Arts de la Ville de Belfort

Saltarines

« Le grand esprit est androgyne, viser à certaines féminisations de l’art est une grosse erreur des femmes. En se créant cette spécificité, elles limitent la portée même de leur propos ».

Paroles de Marguerite Duras dans « Marguerite Duras, La Passion suspendue, entretiens avec Leopoldina Pallota della Torre », Seuil, 2013.

 

Après m’être plongé dans l’univers des sangles aériennes au cours des cinq dernières années avec le duo C’est tout (2015) et le sextet Guerre (2017), je souhaite tout en continuant la démarche chorégraphique entamée sur Frau Troffea (2019), projet étroitement lié à Saltarines, continuer cette rencontre avec le cirque, la développer en convoquant, pour l’occasion, acrobates et danseurs. Un croisement des esthétiques réunis-sant différents modes d’approches du corps en mouvement, n’obéissant à aucune discipline en particulier ni à une autre, ne se trouvant à aucune croisée des chemins, mais faisant de tout terrain de jeu corporel, théâtral, physique, un lieu d’indiscipline où je souhaite une nouvelle fois me laisser surprendre.

Le souhait est de réunir dix interprètes, de créer un mouvement de masse, un rassemblement qui ferait corps, une résistance à l’histoire.

Au cœur de ce groupe, c’est le chœur, l’être ensemble que je souhaite convoquer tout en gonflant les différences. Faire corps, encore une fois, dans la puissance du saut, dans le déve-loppement du rythme jusqu’à l’excitation de la pulse, au partage d’une « transe » à l’unisson pour une danse dithyrambique.

Dans cette exaltation retrouvée, il s’agit pour chaque membre du groupe de s’autoriser, de s’octroyer le droit de traverser et d’incarner un mouvement exutoire, de transgresser et d’inverser les règles, de transcender et d’exténuer le corps, le poussant au paroxysme de lui-même. Il s’agit de faire du bruit, d’être remar-qué et de prendre position.

Saltarines est un saut à la fois grave et séduisant, âpre et joyeux. Une danse, pulsée, dynamique tout en rebond, où hommes et femmes sont réunis sous une même identité féminine. Un pos-tulat, une alternative aux conventions entre hommes et femmes. Une approche transformiste pour les uns, si précise, si fine que le genre devient banal, inaperçu, et passe au second plan. Ce sont donc ces dix « femmes » qui prendront à bras le corps ce plateau bondissant, à l’écoute d’une prise d’appel dans un projet d’ascension sans cesse renouvelé. Si chuter est néces-saire au rebond, tomber est l’impensable, redescendre est l’inenvisageable. Une apnée dans l’envol, haute, suspendue, qui au moment de l’expire, à la réception, telle une décharge d’éner-gie, se déversera au sol, en relâchements, en contorsions. Puis puisant la sève d’un terrain partenaire, la résurgence de l’action viendra par la répétition servir cette fable des danses et des corps retrouvés. C’est un « lancé » de puissance, un jet d’émo-tions issu des corps à l’effort, alliant contraires et opposés, transformant en une force les mouvements initiés, au service d’un unisson de différences, défiant à la fois les styles, les genres mais aussi les clivages non avoués…

D’une douceur d’approche, d’une texture de main posée sur l’épaule à l’ébranlement des corps chargés de leur histoire, ce groupe sera prêt à arpenter et traverser un espace pour une danse criblée d’incarnations différentes en formes, en gestes, en mouvements, et produire une sorte de soulèvement mutuel conjugué et soutenu.

Saltarines est le saut qui défie la pesanteur et désavoue la rumeur. Un geste articulé, défini par ses protagonistes, tel un cri spatial et temporel, sorte d’envolée engagée, lyrique, mouvante. Comme un aveu identitaire, à l’écoute d’une pulse, d’un rythme, d’un phrasé décliné au présent. Sorte de sacre aux retrouvailles des genres et des disciplines où majeur et mineur, puissance et vulnérabilité se rassemblent.

Saltarines est une force, un hymne à la posture des femmes face au monde masculin au cours de notre histoire. En filigrane, en secret, cette pièce est aussi l’endroit d’un rassemblement, où résistances et victoires sur les clivages font l’évidence d’un pos-tulat de départ que je m’impose.

Labé, Sand, Duncan, Woolf, de Beauvoir, Duras, Sagan, Bour-geois, Veil… Toutes se sont imposées, toutes ont mené ce combat, ce saut, cette contorsion, ce mouvement de hanche littéraire, politique, philosophique, chorégraphique… pour être vues, entendues.