La Liesse

« La forme échappe au format.
Il faut saisir ce qui se passe dans l’instant …
Tenter d’écrire ce qui est attrapé au vol. »

Peut-être que le travail chorégraphique de Pierre Pontvianne pourrait tenir, à traits brefs, dans ces quelques mots. Échapper à certaines tentations du
spectaculaire, à certains critères esthétiques, et peut-être finalement commerciaux, politiques, ces dimensions étant toutes trois étroitement liées.
L’engagement du travail de Pierre Pontvianne tient peut-être dans sa conscience aigüe de l’éphémère …

… Dans la qualité des relations au plateau qui s’entretissent sous nos yeux, quand le temps retient son souffle. Le cours des choses semble alors ne tenir qu’à un fil, un rythme, un agencement, une césure dans l’espace, la musique, le mouvement … C’est la signature du chorégraphe : trancher, superposer, faire entrer en collision les matières au plateau, nous incitant à laisser infuser la danse en chacun et à laisser la multiplicité des significations s’ouvrir.

Avec ce prochain quintet, comme pour ses créations les plus récentes dans un répertoire désormais conséquent, Pierre Pontvianne part en quête, ou plus précisément en observation. Il faut une patience obstinée pour extraire et observer ce qu’il nomme volontiers des fibres, des matériaux fragiles, éphémères et pourtant essentiels qui se manifestent et jaillissent parfois des choses, des gens, des relations, des instants, des événements majeurs
comme mineurs, et qui composent notre environnement immédiat ou lointain. Il se définit parfois comme celui qui oriente leurs agencements pour laisser finalement émerger une forme avec sa propre nécessité, sa contenance et son contenu, une forme qui fera oeuvre.

À travers ce travail d’écoute précis, soigneux, Pierre reste attentif à tous les signes contextuels, matériels, humains … Attelé à produire une dynamique génératrice et poétique où l’oeuvre se crée presque discrètement, se crée en secret. Il continue d’avancer sur un chemin de création singulier, qui commence déjà bien avant – et se poursuit encore bien après – la création elle-même.