J’ai un estomac comme toi, tu as une jambe comme moi, mais je connais mon estomac comme toi tu ne connais pas le tien, et tu connais de ta jambe ce que j’ignore de la mienne.
« Tu connais de ta jambe, ce que j’ignore de la mienne (et réciproquement) » est d’abord un laboratoire d’expérimentation collective, chorégraphique et sémantique. Il s’agit d’inventer les conditions, prétextes et contextes, qui rendent possibles la rencontre et la porosité entre différentes manières de lire, d’observer, de raconter ou de vivre le corps en mouvement.
Chaque intervenant se fait alors laborantin, apportant avec soi des matières à travailler collectivement, une pratique du corps, des mots et images, des savoirs et expériences : un nouveau « monde propre » à rencontrer.
Ce « monde propre », Umwelt1, renvoie à l’ensemble des perceptions sensorielles et des expériences vécues d’un individu, constituant la manière dont il va interagir avec son environnement. C’est à partir de ce monde singulier, à nul autre pareil quoiqu’il puisse trouver des points semblables avec d’autres, que l’individu construit son interprétation du réel, puisant du sens, cherchant des signes.
Ces individualités mises en contact se font alors moteurs de la mise en mouvement, et l’on cherche à créer des passerelles entre ces mondes, trouver dans l’un un écho dans l’autre, et tisser ces liens vers une matière hybride.
« Une relation est […] un rapport de dépendance, d’interdépendance ou d’influence réciproque qui lie une personne à une autre ». Martin Winkler, Les brutes en blanc
1 intiailement développée par Jakob von Uexküll, dans le cadre de l’étude comportementale des espèces animales partageant un même milieu, la notion d’Umwelt s’est ensuite élargie à l’anthropologie et à la philosophie.