J’aimerais questionner dans Frérocité le concept de fraternité en annulant toutes ses formes (solidarité, entre-aide, attentions, relations, unions…) ; en faire une sorte de raisonnement par l’absurde, en espérant qu’il y aura bien, au final, une once de fraternité quelque part en nous qui subsiste.
Comme l’oeuvre Tango , réalisée dans un contexte politique particulier du communisme, je souhaiterais faire avec Frérocité , une oeuvre faisant écho à une des plus grandes préoccupations de nos jours : le probable effondrement de la civilisation post-industrielle.
Réaliser une pièce qui accepterait ce qu’annoncent les collapsologues, c’est à dire qu’il faille nous préparer à un monde sans énergie fossile, où nous allons devoir vivre la réduction extrême, la disparition de tout ce qui est technologie high-tech, la réduction des mobilités, des circulations de biens, la diminution drastique de la production et en premier lieu énergétique et, de fait, de nos modes de consommations et de nos modèles sociétaux de référence basés sur la croissance éternelle.
Frérocité se veut être ce moment « féroce » de bascule, où l’aveuglement de nos intérêts individuels et le refus de la résolution collective des défis du monde nous ont conduits à l’inéluctable.
Frérocité c’est aussi nos fragilités et ce moment d’étourdissement à essayer de concevoir l’inconcevable, l’acceptation que nos cultures et références sont anéantis laissant devant nous un abime, un désastre, une plaie béante.
Frérocité , c’est enfin ce moment post-effondrement où les solidarités, les attentions, les initiatives collectives, les fraternités pourront peut-être permettre de reconstruire et réinventer un nouveau monde.