Création & Répertoire

Des processus de création sans cesse renouvelés

Dans leur processus de création, Héla Fattoumi et Éric Lamoureux s’attachent à travailler au plus près des corps et des personnalités des interprètes. Les protocoles adoptés s’adaptent et se nourrissent du groupe et des intentions chorégraphiques propres à chaque création.

Pour cette raison, lorsque des pièces sont recrées, il ne s’agit pas de reproduire à l’identique le matériel écrit mais de transmettre le processus de création lui-même, le squelette, l’essence à la base de l’émergence du spectacle. Cette approche tisse un lien entre le fond et la forme du travail des chorégraphes qui donnent une grande place aux notions d’hybridation, de créolisation, de diversité, d’altérité, au cœur de la « danse- relation ».

La notion de répertoire revisité

Les chorégraphes se reconnaissent peu dans la notion de répertoire quand elle consiste à une transposition d’une chorégraphie d’un corps à l’autre. Ils ont à cœur de transmettre les matériaux de l’œuvre, tant les conditions de son surgissement, les indications de recherche, les intentions que les agents déclencheurs du mouvement.

Ainsi, qu’il s’agisse d’EX-POSE(S) avec EX-POSE(S)-expanded ou dernièrement d’AKZAK, l’impatience d’une jeunesse reliée (2020) avec ZAK Rythmik (2022), il n’est pas question de reproduire à l’identique chaque geste ou mouvement originel.

Avec le risque et le plaisir assumé de créer un certain écart avec le spectacle initial, pour chaque aventure, ils revisitent l’écriture d’origine en modifiant plusieurs paramètres jusqu’à modifier le nombre d’interprètes, entre autres exemples : le duo fondateur Husaïs (1990) a donné le quatuor Express de Temps (2007), Wasla-solo (1998) est devenu le quartett de Bnett Wasla (2018)

Pour chaque recréation, ils replongent en archéologues dans le processus initial avant de le mettre en partage avec la nouvelle distribution réduite ou augmentée. S’opère alors une imprévisible hybridation, une réincarnation par de nouvelles générations d’interprètes. Ce nouveau regard qu’ils proposent de porter sur leurs œuvres donne à leur travail sa nature vivante, vibrante, mouvante et contemporaine.

Les projets de recréation

 En 2024, la transmission de Zak Rythmik auprès d’élèves du Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR) de Paris offrira une nouvelle « re visitation » des fondamentaux de la pièce, à savoir les phrases chorégraphiques résultant des séquences rythmiques qui la structurent, sans toutefois « copier-coller » les mouvements des danseurs d’origine. Le training sera également un moyen de traverser le processus de travail du duo de chorégraphes. Cette nouvelle version s’enrichira des singularités et des dissemblances offertes par le groupe donnant toute sa place au présent et aux possibilités qu’il accorde.